__Premiers éléments d'observation__ (31 décembre 2014 - 21h)

"C’est un message de confiance et de volonté que je vous adresse ce soir en vous présentant mes vœux pour la nouvelle année."
Lors d'une première écoute de ce message (relativement court, 9 minutes) du 31 décembre 2014 on relève de nombreuses traces du genre épidictique, de la célébration des valeurs communes, mais aussi une certaine forme de volontarisme qu'il conviendra de vérifier par un minutieux retour au texte.
La revitalisation des valeurs communes est exprimée pour partie dans une construction anaphorique évoquant les valeurs et les atouts de la France, sujet qui n'est pas propre au discours de Hollande.
" La France, c’est un grand pays ; elle est la cinquième puissance économique du monde. La France, elle prend ses responsabilités chaque fois que la paix est menacée [...]"
"La France, c’est une diplomatie active, qui cherche inlassablement la solution à des conflits comme en Ukraine [...]"
"La France, elle est reconnue pour ses innovations, pour sa culture, pour le talent de ses entrepreneurs, de ses créateurs, de ses chercheurs. Elle a été honorée cette année par deux prix Nobel."
Cette "autosatisfaction" rituelle trouve sa conclusion dans l'énoncé suivant (que l'on trouve chez d'autres présidents de la République):
"Nous avons donc toutes les raisons d’avoir confiance en nous mais à une condition : avancer, faire preuve d’audace, refuser le statu quo, écarter la régression. "
Mais aussi:
"La France, ce n’est pas une nostalgie, c’est une espérance." qui fait écho au refus d'immobilisme que l'on peu trouver chez Chirac.
ou encore
"La France est donc capable de se transformer et je sais que vous y êtes prêts."
"La France, elle a été capable il y a maintenant 70 ans, de réunir une grande conférence pour les droits universels de l’homme."
C'est une célébration des valeurs et des capacités de la France plus que des Français, là encore plus propre au discours chiraquien à laquelle se livre le président de la République.
On relève également de cette première écoute l'expression d'un volontarisme dont on trouve les traces dans une implication personnelle du chef de l'Etat - qu'il conviendra de vérifier lors d'une analyse approfondie-  (je crois, je veux, j'ai voulu, je mènerai [ce combat]...
mais aussi :
"je veux en finir avec le dénigrement et le découragement."
"J’ai fait le choix de l’avenir tout en restant fidèle aux valeurs de la République et à notre modèle social."
"Je crois à la persévérance, à la constance, au travail dans la durée. L’année 2014 fut une année rude, jalonnée d’épreuves de toutes sortes. J’ai tenu bon et suivi fermement le cap que j’avais fixé."
"C’est le combat que j’ai engagé. Ce combat, je le mènerai jusqu’au bout, contre les conservatismes – et ils sont nombreux –, contre les populismes – et ils sont dangereux."
"J’y veillerai personnellement"
"Je m’y étais engagé"
Les formules rituelles "omniscience", et "empathie", loin d'être aussi développées que chez Mitterrand ou Chirac
"Je sais les difficultés que nous rencontrons, je les mesure chaque jour et je pense ce soir aux familles qui s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants face au chômage et parfois même face à l’exclusion."
"Et j’ai une pensée particulière pour les plus fragiles ce soir, pour les personnes seules, pour les démunis et pour toutes les victimes des drames qui se sont produits ces derniers mois. Mais mon message, c’est celui de la confiance ; confiance en nous, confiance dans toutes les forces de notre pays, confiance dans notre vitalité et c’est pourquoi je peux dire ce soir : vive la République et vive la France."
"La France est donc capable de se transformer et je sais que vous y êtes prêts."
Dans ce message éminemment politique, le président de la République fait quelques annonces (pacte de responsabilité, réforme territoriale, suppression de la première tranche d'imposition sur le revenu, plan numérique à l'école, allocations familiales, mesures environnementales), défend un bilan, assume un tournant social libéral en mentionnant explicitement son premier ministre et son ministre du budget :  
"Le pacte de responsabilité, je l’avais annoncé en début d’année devant vous ; il entre en application dès demain matin."
"D’abord avec la loi que va présenter le ministre de l’Economie, Emmanuel MACRON, dès le mois de janvier. Elle va libérer les initiatives, casser les rentes, libérer les énergies, l’activité, développer l’emploi, simplifier la vie des entreprises tout en protégeant les salariés. Ce sera un coup de jeune pour notre société parce que cette loi, elle est surtout destinée à la jeunesse."
"J’ai fait le choix de l’avenir tout en restant fidèle aux valeurs de la République et à notre modèle social."
Garant des institutions, et de l'unité nationale, le président de la République met en garde contre les extrémismes:
"Ecartons les discours qui trompent et qui abusent le peuple."
"Et devant les menaces qui montent et qui inquiètent, qui s’appellent terrorisme, communautarisme, fondamentalisme, ce n’est pas en nous divisant, en stigmatisant une religion, en cédant à la peur que nous nous protégerons, c’est en défendant fermement nos règles communes : la laïcité, l’ordre républicain, la sécurité des personnes, la dignité de la femme. C’est quand la France oublie ses principes qu’elle se perd, qu’elle se noie. Là est le déclin, le seul qui nous menace, c’est celui de l’abandon. C’est déjà arrivé dans l’histoire, dans l’histoire en France comme en Europe, ne l’oublions jamais. Et c’est pourquoi je fais de la lutte contre le racisme et contre l’antisémitisme une grande cause nationale."
Ce message ne rompt pas, à la première écoute avec les pratiques précédentes : formules rituelles, (empathie, signe en direction des français les plus défavorisées, figure d'omnisciences peut-être sous représentées) célébrations des valeurs communes (éventuellement sur représentées). Il se distinguera peut-être, à l'aune d'une exploration lexicométrique des précédentes années par un volontarisme plus affirmé (qui rapprochera peut-être ce message de quelques discours chiraquiens).