voeux

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mercredi 31 octobre 2007

Méthode des spécificités

La méthode des spécificités permet de porter un jugement sur la répartition des formes dans les parties d’un corpus. Ce jugement s’exprime en termes de suremploi (spécificité positive) et de sous-emploi (spécificité négative). Selon le modèle hypergéométrique, une forme est notée spécifiquement positive si sa fréquence dans une partie est supérieure à la fréquence théorique attendue, et spécifiquement négative si cette fréquence est inférieure au seuil retenu. Ces fréquences probabilisées s’appuient sur la comparaison de quatre données : le nombre des occurrences du corpus, le nombre des occurrences dans la partie, la fréquence de chaque forme dans le corpus, et la fréquence de chaque forme dans la partie. Les indices indiquent le degré de spécificité de chaque forme et représentent la valeur absolue de l’exposant de probabilité. Un exposant de valeur 2 exprime une probabilité de l’ordre du centième, 3 du millième…L’absence d’exposant indique que l’usage ne présente pas de caractéristique remarquable. On dira que la forme est banale pour la partie considérée.

mardi 30 octobre 2007

Profils énonciatifs

Malgré la codification de la forme, les emplois des marques personnelles (pronom personnels et adjectifs possessifs) montrent des contrastes enonciatifs saisissants.

Le calcul des spécificités, mobilisé ici met en évidence les sur emplois ou les sous emplois d'un locuteur par rapport aux autres et à l'ensemble. (Calcul établi ici par Lexico3)

Le tableau qui suit synthétise la répartition des emplois des pronoms personnels et adjectifs possessifs en termes de spécificités.

Le discours du général de Gaulle est caractérisé par une importante prise de distance énonciative produite par le rejet des marques de la première personne du singulier et de la seconde du pluriel, la prise en charge de l’énoncé étant assurée par un « nous » dont le référent est essentiellement la France.

A l’opposé, Giscard d’Estaing multiplie les marques énonciatives en direction des Français (vous + 20) tout en personnalisant le discours par un usage fort de la première personne du singulier (Je +5) et en sous employant la première du pluriel (nous –2).

Pompidou s’inscrit dans un schéma énonciatif analogue.

François Mitterrand privilégie les marques de la première du singulier (je +2, mes +3, moi +2), usant très peu en revanche des marques de la première du pluriel (nous –4, notre –5).

L’emploi le plus remarquable est sans doute la spécificité du pronom indéfini (on +10), tenant pour une large part d’une volonté de connivence avec les Français (énoncés à tournures familières) mais aussi révélateur d’un procédé argumentatif cher au chef de l’État (implicite, non-dit, attaques, ripostes, désignation d’adversaires ou d’opposants) .

Dans le discours de Jacques Chirac (en tout cas jusqu'à 2001) le faible usage de la première du singulier s’oppose à une plus forte représentation des marques de la première du pluriel.

Ces profils énonciatifs extrêmement diversifiés sont autant d’indices sur la conception de la fonction présidentielle des locuteurs, sur leur vision des Français mais aussi sur la façon dont ils conçoivent les messages de vœux.

mercredi 24 octobre 2007

50 ans de voeux sous la cinquième République

Les voeux présidentiels adressés aux français constituent un moment privilégié dans la vie politique française. Ce genre discursif particulier, fortement codifié, laisse pourtant apparaître l'empreinte personnelle des différents locuteurs qui se sont succédé. Nous nous intéressons ici à la cinquième République.

Les incipits des premiers messages produits ci-après, donnent la mesure des styles différents qui se manifestent ici.

De Gaulle, décembre 1959

"Pour la métropole française, pour l’Algérie, pour la communauté, je forme des voeux ardents et confiants au premier jour de 1960. Je suis rempli de l’espoir que cette année nous sera propice, parce que nous avons fait beaucoup au cours de celle qui finit. En France même, nos institutions assurent à l’Etat l’efficacité et l’autorité qui lui permettent d’agir. Il en sera ainsi, désormais. Nos finances sont en équilibre et le resteront demain. Au point de vue des ressources, de la technique, de la recherche, du crédit, des échanges et de la monnaie, notre industrie, notre agriculture, notre commerce, disposent d’une bonne base pour l’expansion et le progrès qui vont marquer 1960. Le franc nouveau est le signe de cette féconde solidité. Dans les domaines politique, social, scolaire, etc., le pouvoir fera tout pour qu’aux querelles d’autrefois succèdent la concorde et la coopération entre les familles spirituelles, les catégories, les citoyens de la nation française."

Pompidou, décembre 1969

"En cette soirée du 31 décembre où chacun s’apprête à fêter le nouvel An, ma première pensée va à tous ceux qui ne pourront participer à la joie générale, ceux que frappe le malheur, un deuil, la maladie, la vieillesse ou, simplement, la pauvreté. Ne les oublions pas et que chacun de nous fasse, s’il le peut quelque chose pour les aider. A eux et à vous, je dis ce soir, avec tout mon coeur d’homme et de Français : “ Bonne année. ” Que l970 vous apporte ce que vous souhaitez, santé, bonheur familial, succès dans vos études ou dans votre travail, et pour notre peuple, pour tous les peuples, ce bien suprême qu’est la paix. Que l970 soit aussi, pour notre pays, l’année du renouveau. Qu’après les secousses subies, les périls une fois encore surmontés, nous poursuivions dans le calme notre effort vers le progrès, vers le bien-être, vers la justice. "

Valéry Giscard d’Esataing, décembre 1974

"Bonne année pour chacune de vous, bonne année pour chacun de vous. Il est près de 8 heures et vous vous préparez sans doute à célébrer la fin de l’année avec votre famille, avec vos amis et peut-être aussi, quelques-uns, dans la solitude. Pendant les quelques minutes où je vais vous parler, je ne voudrais ni vous ennuyer ni vous attrister. Ni vous ennuyer en vous présentant les actions à conduire dans la politique française, actions que je vous ai déjà décrites et dont j’aurai l’occasion de vous parler à nouveau le mois prochain, ni vous attrister en vous rappelant les difficultés et les risques réels du monde dans lequel nous vivons et dans lequel nous allons vivre l’an prochain. Je voudrais que mes voeux soient vraiment des voeux, les voeux de la France pour les Français et les voeux des Français pour la France".

Mitterrand, décembre 1981

"Françaises, Français de Métropole et d’Outre-mer, Je vous souhaite une bonne année et je souhaite, en votre nom, bonne année à la France! Seule l’Histoire pourra dire, avec le recul du temps, la trace laissée par l’année qui s’achève ; mais, chacun sait déjà que 1981 aura été l’année du changement que la France a voulu et que son peuple, le 10 mai, m’a chargé de conduire, avec le concours du Gouvernement de la République et de l’Assemblée Nationale issue des dernières élections. Je vous avais promis d’entreprendre aussitôt les réformes qui permettraient ce changement. Nous l’avons fait. Le Gouvernement a proposé, et le Parlement a voté les nationalisations dont le pays avait besoin pour mener à bien sa politique économique. Je vous avais promis de réduire la domination de l’État sur les individus, sur les collectivités locales, communes, départements, régions. Dans le respect de l’unité de la Nation, vous disposerez du pouvoir et du droit à la différence, à la responsabilité, vous gérerez plus largement vos propres affaires et vous ne verrez plus l’administration régenter de Paris votre vie quotidienne".

Chirac, décembre 1995

"Mes Chers Compatriotes, Vous m’avez élu, en mai dernier, pour que nous construisions ensemble une nouvelle France, une France juste, unie, respectueuse de notre pacte républicain. Une France telle que vous et moi la voulons. Je mets toutes mes forces au service de cette ambition qui est aussi celle du Premier Ministre, auquel je tiens à rendre hommage pour l’action courageuse qu’il a menée avec détermination dans des circonstances particulièrement difficiles. Cette ambition est celle du Gouvernement tout entier. Depuis sept mois, notre priorité, c’est l’emploi. C’est au nom de l’emploi que nous remettons nos finances publiques en ordre, afin de construire une économie créatrice de travail et de richesses. C’est au nom de l’emploi que nous menons une lutte sans merci contre le chômage de longue durée, grâce au contrat initiative emploi. C’est au nom de l’emploi que nous aidons les artisans et les petites et moyennes entreprises, à se développer."