voeux

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche @JML_textopol

samedi 5 janvier 2008

Voeux présidentiels dans la presse

Une retrospective des voeux présidentiels sur les archives du Nouvel observateur

mercredi 2 janvier 2008

L’omniscience présidentielle :

SARKOZY

Je sais les craintes que beaucoup d’entre vous éprouvent pour l’avenir de leurs enfants.

Je sais combien est grande votre attente d’un changement profond

Je sais l’angoisse qui vous étreint quand vous avez peur de perdre votre emploi…

Je sais votre exaspération quand vous voulez entreprendre ou quand vous voulez travailler davantage…

Le procédé argumentatif:

Je sais l’angoisse qui vous étreint... tout ne sera pas fait en un jour MAIS ma détermination est sans faille

POMPIDOU

“Personne ne peut nier, même si tout le monde, je le sais, n'a pas encore le logement qu'il désire, que la France soit, à l'heure actuelle, le pays au monde qui fait le plus gros effort en faveur du logement.” (Pompidou, 1972)

“Il y a, je le sais, la hausse des prix dont les mères de famille se plaignent à juste titre. mais il faut savoir, et je voudrais que vous compreniez, qu'en Angleterre, en Hollande, en Belgique, en Suisse, en Italie et même en Allemagne, la hausse des prix est, à l'heure actuelle, aussi rapide ou plus rapide que chez nous. c'est la preuve qu'il s'agit d'un phénomène international profond, auquel nous ne pouvons pas échapper et qui ne sera dominé que par une action internationale, action qui est d'ailleurs déjà amorcée à l'échelle européenne, à notre initiative.” (Pompidou, 1972)

CHIRAC

“Quelles que soient les épreuves récentes et les incertitudes de l’avenir, je sais que vous voulez faire vivre les valeurs qui sont celles de notre démocratie, de notre République. Que vous voulez conforter notre cohésion nationale. Que vous voulez avancer, réussir et faire réussir la France.”(2001)

“Enfin, je sais que vous aspirez à plus d'unité. Autant vous appréciez les vrais débats, autant vous êtes lassés des vaines querelles. Je pense, comme vous, qu'il faut éviter ce qui divise inutilement, ce qui blesse les gens dans leurs convictions. il y a aujourd'hui bien d'autres priorités, bien d'autres enjeux. Partout, je constate une formidable envie d'agir et de créer, une soif de comprendre, le besoin de réussir. Je vois à l’œuvre de nouvelles énergies qui transforment peu à peu notre pays. si nous savons les encourager, les libérer, alors, oui, la France sera bien partie pour le siècle qui vient !»(1998)

“Ces progrès ne prendront tout leur sens que s'ils bénéficient à l'homme, à tous les hommes. le xxième siècle doit être le siècle de l'éthique. Je sais que bien des tragédies, aujourd'hui, font douter de cette espérance. Pourtant, de plus en plus, les nations s'accordent pour mieux faire respecter les droits de l'homme, pour défendre la liberté et la dignité humaines. Un nouvel ordre international s'affirme peu à peu. Demain, il ne devra plus y avoir de repos pour les criminels contre l'humanité. et, au nom de la France, en votre nom, c'est le combat difficile que je mène chaque jour.”(1999)

Le procédé argumentatif:

Rien ne se fera tout seul bien sûr. L'avenir est entièrement à construire. et vous avez, je le sais, de plus en plus ce désir de vous l'approprier, cette envie d'agir et d'avancer, cette soif de projets, de réalisations qui sont aujourd'hui les grands atouts de la France. .mais il faut aussi une volonté nationale, un enthousiasme collectif, et il faut avancer sans attendre demain. c'est pourquoi, mes chers compatriotes, 2001 doit être une année utile. chaque année compte, aucune ne peut être perdue.”(2000)

«Je le sais, certains doutent et souffrent. il y a des femmes et des hommes en profonde détresse. Ce soir, c'est d'abord à eux que va ma pensée. C’est pour eux que le gouvernement va soumettre au parlement une loi qui s'attaquera aux racines de l'exclusion. C'est pour eux que des initiatives fortes seront prises en faveur des quartiers en difficulté. « (Chirac, 1995)

«Je souhaite une France rassemblée, accordée, dont les citoyens vivent en bonne intelligence. Cela veut dire, d'abord, une France rassurée. il y a chez nous trop de violence, trop d'insécurité, dans les écoles, dans les transports, dans les rues. Chaque jour les limites sont franchies au-delà desquelles la société se défait. C'est aujourd'hui, je le sais, avec le chômage, votre premier souci. L'État doit jouer son rôle. il doit s'efforcer de mieux comprendre. Il doit prévenir. Il doit aussi punir quand il le faut. J'appelle chacun à prendre ses responsabilités. Que les citoyens respectent leurs devoirs. que les pouvoirs publics restaurent l'ordre et la sécurité, qui est la première des libertés.» (Chirac, 1997)

«Il n'est pas facile de réformer. Je le sais. La crise que nous venons de traverser l'a rappelé. Au-delà de la défense d'intérêts particuliers, elle a mis en lumière des inquiétudes, des angoisses face au chômage, face à des réformes trop longtemps différées, face à un avenir incertain. Elle a révélé un manque de confiance dans des pouvoirs qui sont ressentis comme éloignés des réalités quotidiennes et qui n'auraient d'autres réponses aux problèmes de l'heure que l'accroissement des contributions de chacun. Reconnaissons-le, cette crise a pu éveiller, chez certains, quelques doutes par rapport aux espoirs que mon élection a fait naître. Eh bien non ! Ces espoirs, je les porte. Ils ne seront pas déçus. (Chirac, 1995)

«1996 a été une année difficile pour beaucoup d'entre nous. Je le sais. Pourtant, je reste confiant. Car la France change. la France se modernise. Les Français se mobilisent. Je suis impressionné, lors de mes déplacements, par ces Français que je rencontre et qui s'engagent, toujours plus nombreux, ici pour insérer des exclus, là pour préserver un patrimoine culturel, là encore pour créer une nouvelle activité, gérer autrement une entreprise, former des jeunes, lutter contre l'illettrisme.» (Chirac, 1996)

Giscard

« Lorsque l'usage de la liberté vous parait excessif - et je sais que beaucoup d'entre vous le pensent parfois - dites-vous que la liberté est un bien fragile, que tant d'autres hommes et tant d'autres femmes dans le monde voudraient connaître autant que nous, et qu'il nous faut savoir sauvegarder. » (Giscard, 1980)

Mitterrand

« Mais je sais quelles souffrances, chômage, exclusions de toutes sortes, ont été la conséquence du ralentissement économique en occident. Le gouvernement a tout fait pour en limiter les dommages. Il compte que l' Europe de la communauté, qui a déjà son agriculture à défendre contre les agressions extérieures, saura organiser la croissance de l'industrie, relancer l'investissement et multiplier les travaux d'intérêt général, comme il a été décidé à Edimbourg au début de ce mois. » (Mitterrand, 1992)

« Je sais ce qui ne va pas chez nous. Je sais aussi ce qui va bien. Faire mieux est affaire de courage, de volonté, et d'imagination créatrice ». (Mitterrand, 1990)

Une variante…

« Je comprends que cette situation vous angoisse qui se traduit de mois en mois par des milliers d'emplois perdus, qui s'ajoutent à tant d'autres. Et puis il y a encore trop de gens malheureux, trop de gens éprouvés. Tout cela je le sais. J'ai besoin de vous pour continuer patiemment de combattre ce mal. Vous avez le droit de douter lorsqu'on vous dit que, dans le désordre général, la France s'en tire mieux que les autres, qu'elle maîtrise l'inflation, mieux que l'Allemagne, mieux que l'Angleterre, mieux que les États-unis, que sa croissance, trop faible encore, reste cependant supérieure à la leur ». (Mitterrand, 1991)

(Voir Page 284 et suiv) pour le détail des analyses sur l'omniscience présidentielle.

Le message de Sarkozy pour 2008 – Des vœux sans en être…

Le message de Sarkozy est finalement politique, personnel dans la mesure où l’empathie est forte, où le chef de l’Etat s’adresse à chacun des Français, mais pas plus personnel probablement que ne l’étaient les vœux de Pompidou, qu’il rejoint d’ailleurs sur certains points.

Il y avait assez peu de vœux chez Pompidou il y en a moins encore chez Sarkozy (souhaite, bonne, année, vœux…), peut être moins encore que chez De Gaulle.

C’est donc un message presque neutre, presque dénué de la marque de circonstance de ce 31 décembre.

On y trouve cependant les marques formelles qui font de ce message une allocution de 31 décembre :

Ce fameux signe en direction des français les plus défavorisés ou qui sont seuls, ou qui travaillent ce soir, à la différence que Sarkozy s’adresse directement à eux. Il ne s’agit plus de « ceux qui souffrent* » mais de « vous qui souffrez* ». En réalité, même si la thématique est bien présente, il y a reformulation de cette thématique.

Il y a aussi l’omniscience présidentielle un peu revue, là aussi mais toujours là, qui était chère à Chirac.

Elle s’exprime par des emplois du verbe savoir au présent de l’indicatif :

  • Je sais les craintes que beaucoup d’entre vous éprouvent pour l’avenir de leurs enfants.
  • Je sais combien est grande votre attente d’un changement profond
  • Je sais l’angoisse qui vous étreint quand vous avez peur de perdre votre emploi…
  • Je sais votre exaspération quand vous voulez entreprendre ou quand vous voulez travailler davantage…

on retrouve un schéma classique, argumentatif :

Je sais l’angoisse qui vous étreint /tout ne sera pas fait en un jour/ MAIS /ma détermination est sans faille/

Les voeux de Sarkozy réduisent donc la part du rituel et du lexique des voeux tout en conservant les éléments incontournables, qui constituent l'ethos présidentiel (l'empathie, l'omniscience, le rôle de la France dans le monde)

C’est bien sûr une feuille de route qui est déroulée ici, dans un débit rapide et « efficace » qui laisse à penser que l’allocution était plus courte qu’elle n’était en réalité et qui traduit peut être "l'urgence" qu'il y a à agir.

mardi 1 janvier 2008

Expérience sur le premier message de chaque locuteur

Si nous ne conservons que les premiers messages de chacun des présidents de la cinquième République, nous obtenons un petit corpus de 6104 occurrences (mots).

L’analyse factorielle portant sur 6 discours montre une singularité de Sarkozy, même s’il convient de prendre toutes les précautions interprétatives d’usage sur un recueil aussi restreint.

Voeux de Sarkozy aux Français - Rupture ou continuité?

Empathie, rituel, thème des voeux...

Lire la suite