C'est une manière de service minimum que Sarkozy a présenté ce 31 décembre aux Français.

Service minimum en matière d'innovation: Sarkozy n'a pas réitéré l'expérience du direct comme l'an dernier et a servi une prestation enregistrée à l'avance, comme le faisaient depuis un temps ses prédécesseurs.

Le président présente ses vœux debout, comme le fit Chirac avant lui, dans la bibliothèque de l’Élysée, qui servit également de cadre à sa propre photographie officielle, de même que pour De Gaulle, Pompidou ou Mitterrand. Et présente ainsi une posture un peu figée, peut-être aussi inspirée des américains. article photo officielle

Peut-être est-ce là une sorte de tentative d’adopter une posture présidentielle, un retour à un certain classicisme qui permettrait au chef de l’État de gagner en légitimité, ou de construire un ethos de chef ou du moins un ethos de président de la République, en une situation jugée difficile. Certes, le plan de la tour Eiffel illuminée en prélude du message puis celui de l’Élysée et du sapin rompent quelque peu avec la mise en scène télévisuelle habituelle mais pour quel effet ?

Le rythme de message du président est plus posé, plus lent, et plus court aussi (1055 mots cette année contre 1400 l’an dernier). (voir le billet 2007 sur la longueur des messsages) Sarkozy a-t-il voulu se positionner suite aux reproches qui lui ont été fait d’hyperactivité, d’omniprésence ? Adopte-t-il un ton plus grave, face à cette crise qu’il décline sur tous les tons et qui est, en réalité le seul thème qu’il aborde dans son message de ce 31 décembre ?

Des voeux réduits à la portion congrue.

Les voeux, comme l’an dernier sont minimalistes. Ce n’est qu’en toute fin de message, en conclusion de celui-ci que le président déclare : « Du fond du cœur je présente à chacun d’entre vous mes meilleurs vœux pour 2009 » L’exercice des vœux, comme l’an dernier est minimisé et le discours n’est que bilan et programme le tout motivé par la crise financière.

L'érosion du positionnement énonciatif

L'emploi des marques personnelles de la première personne est beaucoup plus modéré qu'il ne l'était lors des voeux pour 2008.

Les fréquences relatives montrent un pic en 2007, que nous avions déjà noté l'an dernier, et un retour à des proportions plus modérées en 2008.

L'histogramme des spécificités met en évidence le sur emploi, jamais égalé de la première personne du singulier par Sarkozy en décembre 2007 (+8), contre un sur emploi plus modeste (+2) aujourd'hui.

(Vers l'analyse des marques personnelles, 2007)

Le même recul est à noter pour les marques de la deuxième du pluriel, ainsi qu'en témoignent les représentations qui suivent.

Le vous qui était nettement sur représenté en 2007 est considéré aujourd’hui comme banal, c’est-à-dire qu’il n’appelle, statistiquement, aucune remarque particulière, n’étant, ni en sur emploi, ni en sous emploi.

La répartition reste identique à ce qu’elle était pour la première personne du pluriel.

Sur un certain nombre de points, on peut conclure à une sorte d’atténuation du discours.

Quelles sont les spécificités du message de 2008 ?

La crise, bien sûr, est la première forme spécifique de 2008 par rapport aux 49 autres textes de ce corpus. Sur une fréquence totale de 34 occurrences, ce mot apparaît 9 fois dans le seul message de 2008. Cette distribution est statistiquement inhabituelle. Un calcul probabiliste nous permet d’en apprécier le sur emploi, ou la sur représentation. (Ici la forme est spécifiquement positive, avec un indice de 9).

Autre point allant dans le sens d’une atténuation du discours : l’analyse factorielle des correspondances. (A venir)

Ce discours de crise, bien que volontariste n’est pas sans évoquer celui tenu par Giscard en 1979. La crise, certes n’était pas financière mais elle était déjà omniprésence chez le président VGE. (A venir)

L’omniscience présidentielle qui est constante dans les vœux depuis Pompidou, et à laquelle Sarkozy n’avait pas dérogé l’an dernier, a totalement disparu du message de 2008.